
Eurockéennes 2014: dernier jour de l’édition humide » musique au paradis « . Une horde de journaleux, webzineurs et blogueurs prudemment bottés assaillent de leurs questions Amandine Guinchard et Damien Félix. Ensemble, ils forment le duo Catfish, à l’aise comme des poissons dans l’eau.
Catfish, je me rappelle bien d’eux et surtout de la voix rocailleuse à souhait d’Amandine qui m’était restée longuement en mémoire après l’avoir entendue sur la scène de la Poudrière de Belfort lors du festival GéNériQ (2012). Deux ans se sont écoulés depuis…
Rencontre:
– Les Eurockéennes et Catfish, c’est déjà une longue histoire. Quel a été votre parcours depuis le rendez-vous manqué de la dernière édition des Repérages du festival?
– (Damien) » Il s’est passé beaucoup de choses et j’ai presque envie de dire que ce n’est pas un mal pour nous de ne pas avoir fait les Eurockéennes de Belfort à cette période. Cela nous a donné du temps pour évoluer, mûrir, aller au bout de notre musique et, surtout, acquérir l’expérience de la scène. Durant ces deux dernières années, nous avons rencontrés de nombreux professionnels et nous avons eu la chance de voir les Eurockéennes continuer à nous suivre, mieux, nous soutenir sur différentes actions. Par exemple, récemment, Catfish a été programmé au Café de la Danse à Paris dans le cadre d’une soirée Eurocks »
– Au bord de l’étang du Malsaucy, il y a une question qui s’impose d’elle-même! Pourquoi avoir choisi ce nom si particulier de poisson-chat?
– (Amandine) » De manière très terre-à-terre, il nous fallait un nom assez simple qui permette de distinguer deux entités bien différentes. Avec Catfish, on est dans la représentation de deux personnes sur scène et, en même temps, dans la référence au vieux Blues des années 20… je pense à Catfish Blues, un standard qui a été repris moult fois! Dans le son de Catfish, il y a un peu des eaux boueuses du Mississipi et beaucoup de courants musicaux. »
– Dans votre album » Muddy Shivers « , vous mettez justement l’accent sur cette ambiance Blues vintage. Comptez-vous faire évoluer votre projet ou rester dans les références de cette époque-là?
– (Damien) » Comme tout artiste, on est en perpétuelle évolution. Il faut comprendre que le Blues est avant tout un socle pour cet album. Mais, il n’y a rien qui nous y enferme. On s’en sert pour construire notre esthétique, car on trouve que c’est une musique simple, épurée et qui touche facilement au coeur du public. En revanche, on la remodèle de manière conséquente et je pense qu’un vrai puriste de Blues pourrait ne pas s’y retrouver. »
– (Amandine) » On a, d’ailleurs, d’autres influences plus récentes comme The Kills, The Black Keys ou encore, Jack White. »
– Catfish c’est aussi une ascension fulgurante et une renommée croissante… Vous diriez » coup de bol » ou » dur labeur » ?
– (Amandine) » On peut parler d’une évolution rapide. A force de jouer à droite-à gauche, on a été repérés par des professionnels. Par exemple, le programmateur du PALEO Festival nous a vu sur la scène du Chat Noir, un petit bar de Genève. Un autre évènement majeur dans notre parcours, c’est d’avoir joué au Printemps de Bourges. Là aussi, il y a eu de belles rencontres avec les professionnels. Tout se joue pendant les concerts!
– Sur la scène de la Plage, vous avez livré un set 1/2 heure. C’est assez bref. Comment faites-vous pour rentrer dans ce cadre? Se produire à deux, n’est-ce pas une contrainte supplémentaire?
– (Amandine) » La scène est notre élément donc en 1/2 heure, on reste forcément un peu frustré. Pour être efficace, on a essayé de choisir des titres qui soient représentatifs de ce que l’on peut faire sur un set classique d’ 1 heure avec des ambiances très rock, plus pêchues, plus folks ou plus intimistes. Quant au fait de n’être que deux, c’est un choix assumé car dans cette contrainte, on voit avant tout un formidable moteur de création… »
– (Damien) » N’être que deux, nous pousse à faire autrement, à trouver des détours pour que chacun de nos titres soient pertinents. Catfish, c’est une musique simple et efficace; à deux, on est obligé de rester dans cette exigence. Pour l’instant cette limite est intéressante, mais si à l’avenir on devait ressentir le besoin de jouer avec d’autres musiciens, on ne s’en priverait pas.
– L’écriture des textes, un acte engagé ou secondaire ?
– (Amandine) » Le chant dans Catfish est considéré comme un instrument. On n’est pas là pour revendiquer des choses, mais plutôt pour servir le projet. En conséquence, les textes se rapportent souvent à l’ambiance du morceau. Et pour l’inspiration, je me base sur des histoires fictives ou romancées. J’ai créé tout un univers autour de Catfish avec des choses assez fortes… des meurtres, des trahisons. [Un sourire] Enfin, rien d’autobiographique !
– Et si je vous dis Eurockéennes?
– (Damien) » On te dira fierté ! Catfish est le seul groupe franc-comtois programmé cette année. C’était un rêve pour nous de jouer aux Eurockéennes. Ce festival on l’a vécu tant de fois comme spectateurs que ça ne peut être qu’une vive émotion d’y revenir en tant qu’artistes.
– (Amandine) » Aujourd’hui, des festivals, il y en a à la pelle. Mais les Eurockéennes sont à part: le site est sublime! Et puis, il y a ici un côté Woodstock qu’il n’y a pas ailleurs… les gens s’enferment trois jours sur une île juste pour écouter de la musique, vivre un moment ensemble et peu importe si l’on est dans la boue!
Propos recueillis par: Sandrine Fallacara
Photos: Sandrine Fallacara