
A l’occasion de leur venue au Moloco d’Audincourt, vendredi 18 novembre, Déhiscence a eu le plaisir de s’entretenir avec Hyphen Hyphen. Les quatre Niçois, qui ont sorti leur premier album en fin d’année 2015 n’en finissent plus d’écumer les scènes de l’hexagone, avec un succès toujours grandissant.
Automne 2015, sortie de Times…automne 2016, voilà 1 ans de tournée. Avez-vous toujours le feu sacré pour défendre cet album ou ressentez-vous maintenant le besoin de vous remettre à la composition ?
Cet album est vraiment un objet qui nous est cher et on continue à le défendre sur scène jusqu’à la fin de cette tournée en décembre. Et oui, ensuite, on va se mettre directement à la composition d’un nouvel album. Il nous tarde de pouvoir présenter de nouveaux titres au public.
Vous avez déjà quelques compos de prêtes?
Non pour le moment rien de concret mais on y pense énormément. Actuellement, la tournée prend tout notre temps, mais elle devrait également nourrir se futur album, impulser une nouvelle énergie…
Toutes les expériences de live que nous vivons – et même en dehors des lives – chaque rencontre est un élément qui nous enrichit. On a envie de faire des chansons de plus en plus fortes en émotions mais aussi de plus en plus dansantes, notre volonté étant que les prochains titres dégagent encore plus d’énergie que ce que nous avons pu faire sur Times.
Aucune appréhension à retourner dans l’air confiné d’un studio ?
Auparavant, on était toujours très dépendant des personnes qui tenaient les studios… que ce soit les ingénieurs du son ou les mixeurs quand on était plus jeunes… et cette expérience ne s’est pas très bien passée.
Mais Times, notre premier album, nous a donné l’occasion d’apprivoiser cette partie de la création artistique.
On s’est dégagé de beaucoup de contraintes en devenant nos propres producteurs et réalisateurs -au sens musical. Cette liberté qu’on s’est accordé fait qu’aujourd’hui on a de nouveau hâte de retourner en studio pour mettre en musique toutes les idées qu’on a pu emmagasiner sur cette année de live.
On dit que pour aboutir à Times, vous avez mis à la corbeille plus d’une centaines de vos morceaux. Alors, avec le recul, le travail de composition à quatre c’est plutôt une chance ou un défi supplémentaire à relever ?
A dire vrai, un peu les deux. C’est une richesse tout particulièrement par rapport à la manière dont on travaille : l’un de nous propose un morceau plus ou moins terminé avec les arrangements qu’il imagine dessus et ensuite on se passe le projet. Chacun de nous le remixe, le réarrange et parfois cela nous arrive d’avoir dix versions du même morceau. Les choses évoluent ainsi jusqu’à ce que l’on tombe d’accord tous les quatre. Alors du coup, c’est aussi un processus assez long! On fonctionne comme une mini démocratie où chacun à son droit de veto.
L’avantage à ce mode de fonctionnement, c’est d’être en perpétuelle émulation. Il n’y a jamais de temps morts à la créativité. Si un de nous tombe en panne d’inspiration ou n’a pas les idées claires pour composer, un autre prend le relais. On est une sorte de machine qui roule sans cesse. Et c’est extrêmement motivant!
De votre musique, on retient une énergie à toute épreuve. Energie qui prend toute son ampleur sur scène. Quels sont vos moteurs pour la partager de manière si cohérente entre vous quatre mais aussi avec votre public ?
A la base, on est vraiment très soudé et donc sur scène il est normal qu’une certaine alchimie apparaisse entre nous. Ensuite, une chose à laquelle nous sommes très sensibles, c’est cette confrontation avec le public. Pour nous, c’est comme rentrer dans une nouvelle réalité où tout le monde partage la même émotion. C’est quelque chose d’assez magique.
Vous ne voulez surtout pas être classés trop facilement dans tel ou tel style musical. A défaut de nous donner des étiquettes, pourriez-vous nous parler de ceux qui sont au panthéon de vos artistes ?
Autant pour notre premier EP, nous étions très influencés par la vague new-wave et par les musiques anglo-saxonnes, autant pour Times on s’est mis à réécouter des choses très diverses. Notamment ce que nous ont fait découvrir nos parents lorsqu’on était plus jeune comme Pink Floyd, Talking Heads ou Nina Simone. Mais en même, on a une sorte de fascination pour toutes les grandes stars américaines tels Beyonce ou Kanye West… pas uniquement pour leurs personnages mais plus pour la manière dont ils arrivent à façonner tout un univers autour de leur musique. Dans les grandes lignes lorsqu’on nous demande de définir notre musique, on dit qu’ « on fait de la pop« , simplement parce que c’est l’étiquette qui nous contraint le moins… on peut y mettre tout ce qu’on veut dedans, c’est une sorte de forme malléable, on peut y importer n’importe quelle sonorité tant que le résultat reste concis et assez instantanée.
Pour parler de ce qui définit Hyphen Hyphen, trait d’union musical, je voudrais revenir sur l’attaque terroriste de Nice, votre ville d’origine. Lors du concert qui a suivi ce 14 juillet meurtrier, au festival des « Vieilles Charrues », on vous a vu réagir avec beaucoup d’émotion. Mais cette tragédie n’a-t-elle pas été de nature à briser votre enthousiasme à créer du lien ? Et comment voyez-vous votre rôle d’artiste après cela ?
Le rôle de l’artiste trouve encore plus de sens dans ce contexte, il est celui qui retire d’une réalité qui peut être parfois très sordide. S’évader du réel lorsqu’il accable, c’est aussi retrouver de l’énergie pour l’affronter. Par rapport à l’événement dont tu parles (ndlr: concert aux vieilles charrues du 16/07/16), lorsque nous sommes montés sur scène nous étions encore très bouleversés… nous étions à Nice le jour de l’attentat. Nous n’avions rien préparé, on était sous le coup de l’émotion. Mais lorsque Santa a entamé spontanément ce chant (ndlr: « qui ne saute pas n’est pas niçois »), on a entrevue une fenêtre pour partager un moment d’unité avec le public. Et c’est ce qui s’est finalement produit. Lorsque nous sommes redescendus de scène, le sentiment dominant c’était l’espoir. On venait de vivre la meilleure des thérapies collectives.
Enfin, et pour revenir à des choses plus légères, vous n’avez jamais caché votre ambition pour Hyphen Hyphen. L’étranger commence-t-il à vous lancer quelques appels ?
On gagne de plus en plus de terrain au niveau de l’Europe. La Belgique et la Suisse sont particulièrement enthousiastes suite à nos concerts. Plus récemment, on a joué en Angleterre, en Allemagne où notre album sera dans les bacs le mois prochain et il devrait également sortir en Espagne dans les mois qui viennent. Notre ambition pour le second album ce sont les Etats-Unis et la sortie à l’internationale. On aimerait, pour ce futur travail de composition, voyager, voir d’autres horizons et s’inspirer d’autres vibrations. Et peut-être voir ce nouvel objet aboutir pour fin 2017…
Propos recueillis par: Sandrine Torterotot
Infos pratiques : CONCERT COMPLET
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