GéNéRiQ 2016, un soir de semaine au centre chorégraphique de Franche-Comté, c’est un peu le mélange des genres, des lieux, des publics. Un hétéroclisme détonnant auquel Lady Leshurr s’est adaptée. On ne désarçonne pas une reine de la punchline avec si peu. Elle a fait le job et a pris le temps -aussi- de répondre à nos questions.
Rencontre:
– J’ai vu que tu avais fait des featuring avec Jaykae, Tempa, des artistes de ta scène locale, as-tu toujours des connections avec eux, travailles-tu toujours avec eux ?
– Malheureusement, on ne travaille plus ensemble autant qu’avant… la vie suit son cours… on a nos carrières et Jaykae est occupé autant que moi. Mais à chaque fois que j’ai une tournée ou si je joue à Birmingham, j’essaie toujours de les faire monter avec moi sur scène. Je dois toujours témoigner du respect pour » les vrais gens de Birmingham « . Il y a un mec qui s’appelle Vader qui a fondé Invasion, dont Jaykaye fait parti, il était comme mon mentor en grandissant. On reste lié, on se soutient. Il vient toujours dans mes concerts.
– Est-ce que tu as des noms de Birmingham à nous suggérer?
Je te répondrais Vader, parce qu’il fait ça depuis très longtemps et il a inspiré beaucoup de la nouvelle génération qui vient de Birmingham, dont moi. Je pense aussi à Jaykaye, c’est un mc, et son frère Preditha, c’est un grand DJ, il est dans Boy Better Know.
– Le crew de Skepta ?
Exactement. Il y a aussi Tremandous, c’est une rappeuse. Ca fait longtemps qu’elle fait son truc… très poétique, c’est comme du spoken-word sur des instrumentales hip-hop. Elle est vraiment incroyable, vous devriez écouter.
Personnellement, il y a peu de gens que j’écoute de Birmingham, c’est probablement tout.
– On sort de ton concert et j’ai pu observer dans ta musique que tu étais influencée par le grime, mais aussi un peu de hip- hop americain. Est-ce que tu projettes aussi de conquérir l’Amérique?
– Oui, je pense que c’est le but ultime dans toute les carrières artistiques, de percer aux Etats-Unis.
Personellement, j’ai le sentiment d’avoir fait le boulot sur le terrain au Royaume-Uni et en Europe.
Logiquement,ma prochaine étape, ma prochaine plateforme, c’est d’aller en Amérique et de tout tuer.
Voilà le but.
– Que penses-tu pouvoir apporter aux Etats-unis que les rappeurs de là-bas n’ont pas ?
Mon accent! Juste mon accent et ma voix caractéristique font qu’ils savent tout de suite que c’est moi.
Mais aussi le contenu, parce que la façon dont je rappe n’est pas celle du rappeur Américain moyen. La majorité d’entre eux parle de trucs sexuels, ou bien de club… leur leitmotiv « let’s go to the club get drunk ». Mais je suis plus drôle, j’aime faire rire les gens. Je suis dans le divertissement, j’aime voir les gens s’amuser. Donc je vais plus rapper des trucs qui feront rire les gens, par exemple « Brush your theeths » (brosse-toi les dents), ou « Change your panties » (change ton slip). J’aime ça: c’est fun et je pense que c’est ce qui manque dans cette scène. Je veux être la personne qui ramène ça.
– Oui j’ai entendu ça pendant ton concert, tu avais beaucoup de punchlines!
– Oui, merci!
– Un peu en mode Lil Wayne…
– Oui, Lil Wayne c’est mon gars, je l’adore! C’est mon inspiration.
– Donc tu ne trouves pas ton inspiration qu’en Angleterre ?
– Autrefois, je me suis inspirée de la scène anglaise: Shystie, Miss Dynamite, Ghetto qui s’appelle maintenant Ghetts ou encore Kano. Ca tient à leur flow, j’ai utilisé ça pour être très technique dans ma façon de rapper.
– Avec qui aimerais-tu travailler, rappeurs, chanteurs, producteurs.. ?
– Les gens que je viens de mentionner, principalement, comme Missy Elliot; une énorme influence pour moi. Lil Wayne, je l’aime je suis amoureuse, je veux ces bébés (rires). Et Eminem parce qu’il est celui qui a confirmé que je voulais devenir rappeuse. J’ai vu une vidéo de lui et je me suis « c’est ça, je ne veux rien faire d’autre que du rap ». Donc, oui, ces trois là. Et Bryson Tiller aussi.
En Angleterre, il y aurait Skepta. Je respecte le fait qu’il se bouge depuis des années. Skepta a imposé le grime sur la carte. C’est un roi. Et Drake vient juste de signer pour Boy Better Know… c’est énorme pour notre scène!
J’aimerais travailler aussi avec Stormzy parce que j’adore sa productivité, la façon dont il est arrivé dans le paysage et dont il a doublé tout le monde.
– Avec un freestyle en plus!
– Exactement, il est juste lui même: brute et vrai. Et encore une fois, Miss Dynamite, j’ai grandi en l’écoutant. Elle est incroyable mec, un bon cœur et authentique! C’est à peu près tout.
– As-tu un album en préparation ? Des projets ?
– Oui je travaille sur mon album en ce moment, j’espère qu’il sortira à la fin de l’année.
J’ai une tournée de sept jours au Royaume-Uni la semaine prochaine et là je suis en mini tournée française: je me produits à Belfort, Mulhouse et Nantes.
En supplément, quelques liens:
Miss Dynamite:
https://www.youtube.com/watch?v=cepCsicwX0Q
Ghetts:
https://www.youtube.com/watch?v=5E4afglc8bQ
Stormzy:
https://www.youtube.com/watch?v=RqQGUJK7Na4
Propos recueillis par: BorisDrums
Crédit photo: Sandrine Fallacara-Torterotot
